La conscience de classe n'a plus cours. Salariés, chômeurs et précaires sont des catégories on ne peut plus floues aux variantes infinies. Rares sont ceux qui d'un bled à l'autre d'une catégorie à l'autre, d'un travail à l'autre, se rendent compte que nous ne sommes tous rien de plus que des traines-misère (en puissance).
C'est donc ici deux face d'une même galette, deux faces d'une même réalité. Celle du monde de l'usine, de la mine, devenue celle des p'tits boulots, du chomdu et tout le toutim.
Un tel sentiment "ouvrieriste" ne peut venir que de vieux mineurs (la gaillette étant un gros morceau de charbon. Quand j'étais môme et que je rentrais tout crade, on m'disait que "j'étôs "noâr comm' eun' gaillette") ou métallos ou encore de skinheads. Ce disque n'étant vraisemblablement pas une resucée des vieux tubes d'Edmond Tanière, j'en conclus deux choses : la première c'est que ce sont des skins (d'ailleurs ils le disent dans les chansons) ; la seconde que ce vinyle c'est de la oi !. Et tout ça du Nord-Pas de Calais ? J'en connais qui vont avoir les j'tons.
D'un côté comme de l'autre on y retrouve les préoccupations classique du genre mais avec de forts accents politisés (guerre de classe). Ce qui donne des choses presque marrantes à mon sens : une chanson sur le football (IDS [Interdit De Stade] de Chuche ma gaillette), c'est le genre de truc qui, déjà, me passe largement au-dessus du cigare (je ne sais même pas citer de tête un joueur/business-man actuel...), mais alors sur l'injustice que subissent les interdits de stade. D'abord je trouve ça aussi touchant que la démission de DSK de la présidence du FMI ou le dépôt du brevet d'invention du jokari en 1938 par Louis-Joseph Miremont (c'est pas des conneries), ensuite je ne savais même pas que ça existait. Une interdiction de stade serait une bonne occasion de se désintoxiquer du foot et passer à la lecture, mais les deux n'étant pas incompatibles (parait-il), je conseillerais volontiers les "condamnés" en question, si jamais leur opium leur manque trop, de se contenter des matchs de quartier ou des matchs des petits patelins. Les gamins ont davantage besoin de soutien que le sport-business.
J'avoue, désolé (enfin, pas vraiment), avoir un profond mépris pour des millionnaires (ou milliardaires, quand on aime, on ne compte pas) au QI d'une tanche trisomique courant en short, qui pis est après une balle, même en cuir. Mais vraiment : profond. Outre la vacuité totale de leur activité professionnelle, je ne peux supporter de voir un tel manque de classe de la part de gens aussi fortuné. Moi qui vous parle, j'ai eu l'occasion de jouer au foot dans ma tendre enfance... et bien, je ne souhaite ça à personne les séances de galipettes dans l'herbe avec 20 autres "pue-la-sueur" en shorts ; short grâce auquel on voit tes burnes au moindre mouvement de jambes !! Comprenez que des comptes en banque sur crampons, ce n'est pas de la plus grande élégance mais quant au reste... bon je pense qu'il est inutile de s'apesantir.
Revenons à notre disque : l'ambiance unitaire, contestataire, libertaire, est plaisante, évidemment. Anars, antifascistes, que demander de plus ?
La zique quant à elle, c'est la oi!, de la vraie, avec-avec du poil : sorte de tchoucapunk carré et, dans notre présent cas, avec un son pas dégueu. Même si elle ne prend pas de pincette, elle remplie son office par tous les trous (office, pas orifice... franchement, bonjour le niveau !). Je m'explique : la oi ! c'est bien quand c'est subtile car pas nécessairement attendue à ce niveau là. Or les deux groupes ont tout le talent pour l'être mais loupent parfois un peu le coche. Alors, sans être déçu par une recette éprouvée et bien saucée sur ce coup [voix poussée, quoique parfois trop dans les parties chantées de Fabulous Bastard - ça peut lasser ; rythme carré ; tempo moyen (quoique plus vif pour CHG) ; hargne à peine contenue], bien menée côté pile comme face, on se demande pourquoi on se contente de si peu de gimmicks de grattes qui pourraient apporter velours et moelleux aux vieux jeans robustes mais râpeux. Prenons "Fracture d'une vie" des Fabulous Bastards. Tout y est dans cette chanson, l'air, les refrains, le petit solo bien placé... un tube, c'est un tube. On retrouve d'ailleurs des éléments similaires dans l'efficacité du morceau IDS (toujours lui et toujours de CMG). Et ben, de ce genre de titre il en faudrait davantage... une version studio et avec un bon son de "Skins de Lille", déjà présent sur la démo et ici en live, par exemple ; encore mieux : un vrai album pour les deux maintenant que l'on a l'eau (ou la bière, choisissez) à la bouche, rien qu'avec des chansons de cet acabit. Chiche.
Qu'importe tout cela, transporté par l'exaltation revendicative des refrains en chœurs, pour l'instant, quand on écoute ce disque, on s'étonne à serrer les poings nerveusement. J'aurais aimé parfois, en plus de ça, siffloter plus facilement les airs.
Ah mais, j'ai failli oublier : la rébellion ne s'arrête pas là, puisqu'adopter un tel format (25cm) à l'heure du téléchargeable, du downloadable, du transférable, est en soi un acte de résistance.
Vinyle blanc.Morceau en écoute (à venir) : (Fabulous Bastards, Fracture d'une vie ) | |