vendredi 27 mai 2011

KLASSE KRIMINALE
"The Rise and Fall of the Stylish Kids... Oi! una Storia"
Lp 14 titres

 J'ai failli croire qu'il s'agissait là d'une compile ou un truc du genre. La diversité des morceaux jouait en faveur de ma thèse. Avec l'équipe des Jeux de 20h on s'est mis sur l'affaire. L'enquête fut rude. D'abord parce que je misais beaucoup sur les origines italiennes de Maître Capello pour m'aider. Or, comme chacun ne le sait pas, il est d'origine roumaine. Ensuite parce qu'il s'avère être mort il y a peu. Reconnaissez que c'est un sacré manque de bol. J'aurais probablement du opter pour les gars de Soko Brigade des Stups. C'est des pros. Même si ils sont Allemands. C'est pas de leur faute.
 En tout cas j'ai appris qu'il s'agissait d'un concept album en hommage au punk dans son ensemble. On retrouve les mélodies et les chœurs de la oi ! légère du groupe, très souvent chantée en italien, mais avec plein de tendances. Ici les riffs à la Ramones, là le jeu de basse des Ruts (Destroy Babylon), des plans reggae clashiens ainsi qu'une multitude de ressemblances avec les vieux classiques du punk rock et de la oi ! de la fin des années 70 / début 80 (Sham 69 - les références à Pursey sont même dans les textes, Cock Sparrer, Angelic Upstarts, Stiff Little Fingers... et probablement d'autres.), avec quelques passages plus teigneux (autres influences ?) à droite à gauche.
 Remise des compteurs à zéro ? Baroude d'honneur ? Manque d'inspiration ou besoin de repuiser dans les vieux pots et les vieilles histoires ? Hommage sincère ? Tout à la fois ?
 Le résultat est là en tout cas. C'est bien fait. Vraiment bon. Les sujets abordés retracent en gros tous les grands instants de la vie du punk ou du skin de base (découverte de la musique qui s'oppose à la mode, d'une manière de voir et faire les choses, de la rébellion...), avec une conscience de classe (si-si) et une classe certaine (ben c'est même dans le titre). Tout ça en p'tite BD dans l'insert (ça casse pas trois pattes à un canard, mais c'est sympa).
 Alors, il y aura probablement ceux qui apprécieront ce Klasse Kriminale mâture, de qualité, ceux qui regretteront le fait que style du groupe s'estompe un peu face à cette débauche de plans, d'autres préfèreront réécouter les références en question, d'autres encore -joueurs- s'amuseront, entre potes, au quizz "Découvre sur qui on a pompé présentement"... ben dans le détail c'est pas toujours si évident... en tout cas ce genre de jeu laissera à ceux qui n'ont que ça dans la vie un excellent moyen de briller au moins une fois en société. Et rien que pour ça, pour eux - les pauvres - on dit merci KK.
 Heureusement pour moi, j'ai moyen de dire du mal. J'aime bien les vinyles colorés, c'est vrai, c'est chouette. Ils sont un peu plus fragiles que les autres, mais en en prenant soin ce n'est pas un problème. Nan, c'est vrai, j'aime bien. J'aime moins quand des Italiens ont leur skeud en rouge/blanc/vert, couleurs du drapeau national. C'est Berlusconi qui doit être content, les rebelles qui ne l'aiment pas en sont encore à vénérer leurs/ces/ses couleurs. Pas de quoi faire bien peur à l'ordre établi. On est pas sorti du sable.


Morceau en écoute : Eravamo Contro



jeudi 19 mai 2011

FABULOUS BASTARDS / CHUCHE MA GAILLETTE
split 25 cm, 2x5 titres.

La conscience de classe n'a plus cours. Salariés, chômeurs et précaires sont des catégories on ne peut plus floues aux variantes infinies. Rares sont ceux qui d'un bled à l'autre d'une catégorie à l'autre, d'un travail à l'autre, se rendent compte que nous ne sommes tous rien de plus que des traines-misère (en puissance).
C'est donc ici deux face d'une même galette, deux faces d'une même réalité. Celle du monde de l'usine, de la mine, devenue celle des p'tits boulots, du chomdu et tout le toutim.
Un tel sentiment "ouvrieriste" ne peut venir que de vieux mineurs (la gaillette étant un gros morceau de charbon. Quand j'étais môme et que je rentrais tout crade, on m'disait que "j'étôs "noâr comm' eun' gaillette") ou métallos ou encore de skinheads. Ce disque n'étant vraisemblablement pas une resucée des vieux tubes d'Edmond Tanière, j'en conclus deux choses : la première c'est que ce sont des skins (d'ailleurs ils le disent dans les chansons) ; la seconde que ce vinyle c'est de la oi !. Et tout ça du Nord-Pas de Calais ? J'en connais qui vont avoir les j'tons.
D'un côté comme de l'autre on y retrouve les préoccupations classique du genre mais avec de forts accents politisés (guerre de classe). Ce qui donne des choses presque marrantes à mon sens : une chanson sur le football (IDS [Interdit De Stade] de Chuche ma gaillette), c'est le genre de truc qui, déjà, me passe largement au-dessus du cigare (je ne sais même pas citer de tête un joueur/business-man actuel...), mais alors sur l'injustice que subissent les interdits de stade. D'abord je trouve ça aussi touchant que la démission de DSK de la présidence du FMI ou le dépôt du brevet d'invention du jokari en 1938 par Louis-Joseph Miremont (c'est pas des conneries), ensuite je ne savais même pas que ça existait. Une interdiction de stade serait une bonne occasion de se désintoxiquer du foot et passer à la lecture, mais les deux n'étant pas incompatibles (parait-il), je conseillerais volontiers les "condamnés" en question, si jamais leur opium leur manque trop, de se contenter des matchs de quartier ou des matchs des petits patelins. Les gamins ont davantage besoin de soutien que le sport-business.
J'avoue, désolé (enfin, pas vraiment), avoir un profond mépris pour des millionnaires (ou milliardaires, quand on aime, on ne compte pas) au QI d'une tanche trisomique courant en short, qui pis est après une balle, même en cuir. Mais vraiment : profond. Outre la vacuité totale de leur activité professionnelle, je ne peux supporter de voir un tel manque de classe de la part de gens aussi fortuné. Moi qui vous parle, j'ai eu l'occasion de jouer au foot dans ma tendre enfance... et bien, je ne souhaite ça à personne les séances de galipettes dans l'herbe avec 20 autres "pue-la-sueur" en shorts ; short grâce auquel on voit tes burnes au moindre mouvement de jambes !! Comprenez que des comptes en banque sur crampons, ce n'est pas de la plus grande élégance mais quant au reste... bon je pense qu'il est inutile de s'apesantir.
Revenons à notre disque : l'ambiance unitaire, contestataire, libertaire, est plaisante, évidemment. Anars, antifascistes, que demander de plus ?
La zique quant à elle, c'est la oi!, de la vraie, avec-avec du poil : sorte de tchoucapunk carré et, dans notre présent cas, avec un son pas dégueu. Même si elle ne prend pas de pincette, elle remplie son office par tous les trous (office, pas orifice... franchement, bonjour le niveau !). Je m'explique : la oi ! c'est bien quand c'est subtile car pas nécessairement attendue à ce niveau là. Or les deux groupes ont tout le talent pour l'être mais loupent parfois un peu le coche. Alors, sans être déçu par une recette éprouvée et bien saucée sur ce coup [voix poussée, quoique parfois trop dans les parties chantées de Fabulous Bastard - ça peut lasser ; rythme carré ; tempo moyen (quoique plus vif pour CHG) ; hargne à peine contenue], bien menée côté pile comme face, on se demande pourquoi on se contente de si peu de gimmicks de grattes qui pourraient apporter velours et moelleux aux vieux jeans robustes mais râpeux. Prenons "Fracture d'une vie" des Fabulous Bastards. Tout y est dans cette chanson, l'air, les refrains, le petit solo bien placé... un tube, c'est un tube. On retrouve d'ailleurs des éléments similaires dans l'efficacité du morceau IDS (toujours lui et toujours de CMG). Et ben, de ce genre de titre il en faudrait davantage... une version studio et avec un bon son de "Skins de Lille", déjà présent sur la démo et ici en live, par exemple ; encore mieux : un vrai album pour les deux maintenant que l'on a l'eau (ou la bière, choisissez) à la bouche, rien qu'avec des chansons de cet acabit. Chiche.
Qu'importe tout cela, transporté par l'exaltation revendicative des refrains en chœurs, pour l'instant, quand on écoute ce disque, on s'étonne à serrer les poings nerveusement. J'aurais aimé parfois, en plus de ça, siffloter plus facilement les airs.
Ah mais, j'ai failli oublier : la rébellion ne s'arrête pas là, puisqu'adopter un tel format (25cm) à l'heure du téléchargeable, du downloadable, du transférable, est en soi un acte de résistance.
Vinyle blanc.


Morceau en écoute (à venir) :
(Fabulous Bastards, Fracture d'une vie )
Site web : Fabulous Bastards
Chuche ma gaillette
Label : autoprod



Déclinaison "California Sun"

Incroyable. En créant cette nouvelle rubrique (rock'n roll radio), j'avais quelques idées en tête. Les reprises sont légions dans le punk rock, remonter aux sources plus des masses compliqué de nos jours, donc j'aurais le débarras des anchois. Mais, entre le temps qui manque, puisque par le truchement de la dictature fasciste du temps les journées ne font que 24h, et les occasions manquées, je n'ai guère la possibilité d'étayer cette rubrique. Pire ! : quand il y a moyen de le faire c'est sur cette unique chanson : California Sun ! Du coup, je remonte ce post une nouvelle fois puisque dans mon immense et incommensurable inculture j'avais oublié la version des proto-punks de The Dictators de 1975.
(ouais euh sinon... ouais, y'a des chroniques qui arrivent... doucement. C'est fou ce qu'ils sont pressés les gens !)

Allo, les rats, qu'est-ce que vous attendez pour émigrer sous le soleil du Midi ?
OK, on y pense... (enfin... pour moi, c'est fait maintenant)

Le punk-rock n'a pas cessé de pomper à droite à gauche pour balancer une bonne sauce.
Un jour tu kiffes un brulôt d'OTH (à part les paroles) et tu découvres le lendemain qu'il ont sucé les Ramones qui eux-même étaient allés déterrer un vieux tube des Rivieras...
Je remonte ce post car je viens -enfin- de refoutre la main sur une version plus ancienne que les Rivieras : un des papys du Rythm'n blues : Joe Jones !
En l'occurrence je veux parler de California Sun (devenu "Le soleil du Midi")

D'abord, donc, et en retard, la version de 61 de Joe Jones :


La version de 1964 (qui fut un tube) de The Rivieras :


La quelque peu oubliée des Dictators, datée de 75 :


Celle, inévitable, des Ramones en 77 :


Et l'inénarrable adaptation des OTH en 86 :


J'inaugure ici une nouvelle section dans ce zine, "rock'n roll radio" :
Dès que j'ai souvenir ou que je retombe sur des reprises de vieuseries, j'essaierai de les placer. Un peu d'histoire (ou de souvenir donc...) sans prétention, ça m'fait marrer.
Si jamais vous connaissez des versions antérieures n'hésitez pas à me filer le tuyau, je complèterai.