Il existe des mythes/mites.
Les Cadavres sont un peu comme des légendes (mortes ? -) vivantes. Ou vivantes par intermitence.
Disons qu'ils sont susceptibles d'exister. Quoi qu'ils ne vivent pas vraiment.
Les Cadavres se reforment une fois tous les 10 ans [et 2009 est l'année en question !], donc bon, on a toujours espoir de les revoir une fois ou deux avant l'âge de la retraite (note aux employés, ouvriers de tout poil : retenez bien ce mot "retraite", d'ici peu de temps il ne voudra plus dire grand'chose... on en oubliera même son sens).
C'est marrant pour une reprise de (web)zine de faire la chronique d'un disque sorti il y a 17 ans. Ca donne des allures de vieux cons, vu qu'à l'époque c'est un peu par ce disque que votre serviteur à un peu mis les deux pieds dans le plat (le plat punk : soupe de vomi au rock'nroll épicé avec un émincé de nihilisme en daube, servi chaud sur son lit d'instruments désaccordés et d'amplis bruyants).
Certes Les Cadavres n'étaient pas seuls à squatter la radio-double-cassette de l'ado boutonneux que j'étais. Ils étaient accompagnés des Rats (sur l'autre face de la même K7, copie de copie pirate...), suivi par quelques tubes des Shériffs et une chanson ou deux des Garçons Bouchers.
Malgré tout ce n'est pas du tout de la nostalgie que m'évoque cette album, mais plutôt la qualité et la clairvoyance. Qualité d'écriture, des mélodies et des riffs accrocheurs, qui savent distiller hargne et rock'n roll incisif, toujours sur les dents ; chaque instrument est là pour mettre l'autre en valeur ; collant parfaitement aux paroles. Clairvoyance des textes qui évoquent avec dégoût une existence endoctrinée à grands coups de mass-médias, de moins-disant culturel et de consommation abrutissante. Les textes sont tour à tour cyniques et percutants ("Le Putch des poubelles", "22"...), purement engagés et agressifs ("Basta" ; et l'hymnesque et très direct, maintes fois repris, "No Pasaran"), désabusés et violents ("mon clebs et moi" ; "media contrôle") ; collant parfaitement à la musique.
L'album complet n'a pas vieilli d'un pouce ni musicalement ni dans les thèmes abordés. Une pertinence et une cohérence qui après toutes ces années me font dire que c'est là bel et bien un signe de talent.
Pour ceux qui n'auraient jamais eu l'occasion ni de les écouter, ni de les voir sur scène, un extrait d'un live "Paris sous la pluie"... le morceau s'intitule "22" (et forcément, il est issu de cet album).
"A la fin il n'y a que la mort qui gagne" (Les Cadavres)