lundi 15 février 2010

Chronique d'une commande (pas si) ordinaire

Il devait être 11 heures. La matinée avait bien commencé : je m'étais levé vivant et presque en forme malgré la simili-cuite de la veille. Le troisième café était avalé, le boulot bien entamé et, pour une fois, sans trop de stress. La vieille de la maison derrière était déjà morte. Tout allait bien.
J'avais même oublié cette commande passée quelques jours auparavant, réservée par mail, griffonnée à la va-vite sur un morceau de papier et glissé tout aussi promptement avec le chèque dans une enveloppe toute conne. Des gestes simples, mais vivement exécutés trahissant mon impatience.
J'avais pourtant, ce jour-là, oublié cette commande.
Et le "facteur" (il reste encore des gens au statut de facteur ?) sonna. Un seul coup.
T'as intérêt à être aux aguets, avoir des gênes de félin et bondir, sinon le gaillard se barre en quatrième vitesse. Pour tout dire, je suis certain qu'il n'attend pas 15 secondes. Cette fois, je le pris au dépourvu, il n'avait pas encore tourné les talons que je le chopai par le colbac, lui assénai un tamashigueri avec triple venkipu à rotation latérale, et le détroussai du colis qu'il avait sous le bras. Des gênes de félin.
Je le laissai là, gisant sur le sol. L'écume au bord des lèvres. Je crois que les vautours se sont occupés de la carcasse, je ne l'ai plus jamais revu.
J'entrai précipitamment dans mon antre, fermai à triple tour la porte et ma braguette restée ouverte (j'avais réagi peut-être trop promptement alors que j'étais en état de siège. Passons les détails).
Là, j'entrepris d'ouvrir le paquet.
Mazette ! Tout une équipe de rugby aurait pu s'entrainer avec celui-ci qu'aucun vinyle n'aurait subi la moindre éraflure !
Carton blindé triple épaisseur avec pare-buffle et jantes en alliage, scotché de gros avec un chatterton résistance 8000 coulé dans l'acier trempé. Après le trépas de 2 cutters rambosiens, type "lame de Tolède", t'arrives à ouvrir le précieux plis. Il s'ouvre dans un dernier râle de résistance... là, tu te rends compte que plus qu'un carton, c'est un sarcophage que tu viens de profaner ! L'emballage est molletonné !! Oui molletonné !! Une mousse alvéolée, qui fait pouet-pouet quand t'appuies d'ssus, tapisse l'intérieur, les disques y sont bien au chaud, entortillés dans du papier journal. Quiconque a vu ses skeuds massacrés lors du transport par quelques postiers peu soigneux, perdant sinon un vinyle, au moins une pochette, sait à quel point tout ceci est important.
Les autres se demanderont pourquoi tout ce cirque, d'autant qu'il semble évidemment qu'il s'agit présentement d'une promo à peine déguisée pour les écuries Dirty Punk. Et bien parce qu'en plus d'être une distro riche en street/punk/oi!, doublée d'un label depuis quelques temps plus ou moins spécialiste des exhumations... euh des rééditions de vieilles gloires punkoïdales, tenu de mains de maître par un gars fort sympa qui plus est un copain -reprends ton souffle- et ben il prend soin de tes affaires et ça j'vais t'dire, ça m'épate (de lapin) et ça valait bien que je me fende de quelques lignes.