lundi 24 août 2009

MODERAT LIKVIDATION - Mammutation - Lp 13 titres

On se la fera pas. ML pour moi c'est une période, définitivement une période. Le début des années 80 le punkrock/hardcore suédois clouté, crêté. Mixage de pecnauds et guitares sur-saturées. Un son, un style. C'est un phénomène qu'on ne reproduira plus, les gens ont changé, le matos a changé, c'était nouveau, ça ne l'est plus, etc, etc. Une reformation c'est de près ou de loin plus ou moins une escroquerie. Soit dictée par la nostalgie des membres du groupe, soit dictée par l'appât du gain ou les besoins des contingences des vies standard (cf les groupes "Holidays In The Sun"). Au sein des microcosmes ultra-fermés tels que les nôtres il en va moins souvent des escroqueries économiques que des escroqueries morales. Certes on trouve ça et là des producteurs très enclin à arnaquer les groupes et les acheteurs potentiels de pseudo bootlegs ou pseudo-rééditions, mais globalement ce n'est pas cela dans le cas d'une reformation. Parfois pour les groupes à forte notoriété, c'est histoire de toucher quelques cachets, pour les autres, plus confidentiels, comme ici, juste une envie, un besoin même parfois. L'escroquerie est que l'on s'attend au groupe dont on a passé en boucle les très maigres et rarissimes productions (pompées sur de vieilles K7), dont on s'est abreuvé pour se forger une opinion, dont on s'est saoûlé pour connaître une époque que l'on n'a pas connu. Mais une reformation ce n'est PAS le groupe que l'on a connu ou que l'on croit connaître. Une reformation c'est une bande de vieux monsieurs qui, la plupart du temps, on arrêté, tout arrêté, depuis un moment et sont déconnectés d'un univers qui a changé sans eux. Parfois les vieux monsieurs sont toujours au jus et reprennent les guitares par goût du jeu. Pourquoi pas ? Ben oui pourquoi pas. Mais rien n'est plus comme "avant" et pas de danger pour les vieux briscards qu'ils fassent comme durant leur jeune âge. Ils imiteront au mieux, reprendront, mais ça ne sera pas le groupe d'il y a 20 ou 25 ans. Garder le même nom, c'est une solution de facilité, une gage de porte ouverte auprès des fans, labels, organisateurs. Alors, certes, pourquoi pas, mais c'est une escroquerie. Une toute petite, un truc à peine immorale, à peine pendable, à peine importante. Mais Moderat Likvidation de 2009 n'est pas Moderat Likvidation de 1984 ! D'ailleurs le fait que Cliff (Driller Killer), ancien membre, ait refusé de participer doit être en partie liée à ça. Il a continué, fait sa route, DK poursuit tant bien que mal. Le passé est le passé. ML font du punk/hardcore, c'est un fait indéniable, ils ont le peps et la puissance, Rien à dire à ce niveau. Z'ont même encore de bonnes dégaines et le plus vieux n'a même pas de bide à bière. Tout est ok, c'est excellent, ça ressemble à du punk allemand à la Bonehouse (grosse voix, punk hardcore métallisant, limite crusty parfois), c'est bon. Mais ne vous attendez pas au ML des bootlegs, de vos k7, des compiles ou des mp3 trouvés sur le net. Voilà tout. Les 3/4 du groupe sont d'époque, pas d'équivoque, et la ressemblance ne s'arrête pas là puisqu'ils ont toujours ce rythme proche de celui que faisait Discharge à la même époque ainsi que le goût pour des morceaux pas toujours stéréotypés. Mais le reste, ce n'est pas ça. Et tant mieux d'ailleurs !! Car qui accepterait d'un groupe punk suédois aujourd'hui qu'il fasse un son aussi perrave qu'en 1980 ? Personne. On est même content que de vieux schnoks montrent aux mouflets ce qui fait la rage, loin des poncifs américains. Tout dans la langue du cru, puissance au rendez-vous, basse ronflante et tout le tremblement. J'y trouve mon compte. Mais on n'en fera pas un fromage, on n'est plus en 84. Les souvenirs (même par procuration) demeurent des souvenirs. Aussi bons soient-ils. Impossibles à reproduire. Point. Accessoirement, c'est sorti sur le label d'autres nostalgiques : Warvictims (autre dieux du Disbeat).


vendredi 21 août 2009

DIE PRINCESS DIE - Lions eat lions deluxe - cd 21 titres

Uproar For Veneration nous fait le plaisir de sortir ce qu'il me semble être l'intégrale du groupe. Les psychopathes qui le composent se font en mixeur façon "Rowenta de chez mémé" tous les groupes punk-garage, noise, (post)hardcore... tous. Ils se les font tous ! Concassés dans une bétonneuse. Du coup, et vous l'aviez deviné (mais si, mais si, 'suffit d'avoir un peu d'imagination), ce qui est foutrement impressionnant c'est qu'ils touchent du doigt, histoire de peaufiner le délire, les plans purement bruitistes.
Riffs entêtants, répétitifs, rythmiques changeantes et bastonnantes sur des morceaux carrément excellents mêlant folie et puissance ("Sport" étant pour moi l'excellence même, dans le genre, avec "Elk's blood" quasi-screamo), limite destructurés pour d'autres ("Roar 84"), tendance new/cold-wave  même sur certains passages de "Hunting Lola".
Bon, dans le lot il y a bien une ou deux exceptions purement "électros" sur lesquelles je n'accroche pas comme "lights of the night" limite techno, ou les morceaux "remix trop focalisé sur un style, car tout le reste excelle dans la diversité, et se trouve être suffisamment déroutant, puissant, inattendu, intense et bien barré pour me faire triper.
Par contre, je ne sais pas de quoi qu'ils causent ces gens.


label : Uproar For Veneration
(SMETS Grégory - 37 Route de Lille / 59113 Seclin - 12€pc)
site un TER propre : ??

mardi 18 août 2009

TRISTESS "Hog & lag blues" LP/CD 12 titres

Les sillons d'un vinyle sont comme de petits précipices dans lesquels parfois il est bon, doux, et excitant de s'y précipiter. On imagine ces petites mains d'ex-Tchécoslovaques les sculter avec leurs petits doigts musclés heure après heure, jour après jour même le dimanche et les jours fériés pour le pur plaisir des auditeurs. Ahhh, même que s'ils bossaient gratos ce seraient des demi-dieux de l'économie néo-libérale. Mon dieu, comme le capitalisme nous permet, bande de petits infâmes profiteurs que nous sommes, de jouir de bonne galettes de pétrole non-polluant (et oui nous sommes entrés dans l'ère du diesel propre, du pétrole vert, des marées noires écolos, du capitalisme moral, donc je me mets à la page).
Si j'avais envie de commencer cette chronique sans ironie, cynisme, ni sarcasme, j'irais droit au but pour les amateurs de musique. Mais si vous saviez comme j'en ai rien à foutre des amateurs du tout-musique, du que-musique...
Comment en écoutant Tristess ne pas se sentir comme en cette fin d'années 70, où tous les espoirs étaient envolés, où quelques gamins mal fagotés donnaient des leçons à une société qui chaque jour, encore aujourd'hui, devrait en goûter la pertinence ? [t'as vu la taille des questions ?! Tu pleures !]
Ils/elles savaient que nous ne devions avoir nulle confiance en ces cuistres de la politiques de gauche si prompts à suivre l'ère et renier 150 ans de luttes. 
Ils/elles savaient, bien avant que la mâturité ne les gagne, que la vie dans ce monde était moisie et qu'il fallait le détruire et non le réformer. Ils savaient que chaque lendemain tenait les promesses d'une veille funéraire.
Ils/elles savaient qu'on allait dans le mur, que le jour d'hui était si déprimant et si consternant qu'il ne mettrait bat qu'à pire, son clône même pas alcoolique, son double même pas défoncé.
Ils/elles savaient que les syndicats avaient déjà trahi et que le quotidien des militants de base n'était pas celui de ceux qui côtoyaient les "grands de ce monde".
Jeunes et vifs, immatures, mais jamais candides, ces mômes ont gueulé sur tous les toits que c'était déjà foutu, que la planète crevait, que les modes de vie s'uniformisaient, qu'"on" les achetait tous, partout, en super/hypermarché.
32 ans après on se rend compte que la recette est toujours là. Que ce putain de plat avarié qu'on nous fait bouffer tous les jours nous sort par les trous de nez. Que chaque jour qui passe nous donne raison encore un peu plus.
Tristess c'est du pur condensé de 77. C'est de la mélodie qui tape, de l'énergie qui gicle, du direct dans le bide, du rock'n roll qui ne sent pas la rose et refuse la violette. Le refrain qui va bien, les gimmicks de guitares qui tuent au bon moment, le mixage qui n'endort pas, qui réveille chaque instrument, bien distinctement. Cette rage à peine contenue et ce feeling grave qui place avant tout le style avant la sulfateuse... c'est... c'est... ces gens-là ont de la classe ! Voilà tout ! Vestimentairement parlant je serais moins catégorique, mais là encore ce sont les 70ies qui s'expriment.
Pourrait-on dire que toutes ces giclées de tube et cette inspiration sans faille, additionnées avec parcimonie de saxo, de percus (si si tendez l'oreille), de synthé (idem), les classent dans un "X Ray Spex" (sans chant féminin) ayant furieusement copulé avec "The Kids" (si vous trouvez leur version suédoise, car tout est chanté dans la langue, je vous tire mon chapeau et abonderais probablement dans votre sens) ? Oui très certainement.
Exceptionnel ? Assez. Parfait ? Pas tout à fait, mais pas loin. Constatez par vous-même avec un des tubes : "Mitt Slut"
site ouaibe : aucun (à part "LeurEspace")

lundi 17 août 2009

Les CADAVRES "le bonheur c'est simple comme un coup de fil" Lp 15 titres

Il existe des mythes/mites.
Les Cadavres sont un peu comme des légendes (mortes ? -) vivantes. Ou vivantes par intermitence.
Disons qu'ils sont susceptibles d'exister. Quoi qu'ils ne vivent pas vraiment.
Les Cadavres se reforment une fois tous les 10 ans [et 2009 est l'année en question !], donc bon, on a toujours espoir de les revoir une fois ou deux avant l'âge de la retraite (note aux employés, ouvriers de tout poil : retenez bien ce mot "retraite", d'ici peu de temps il ne voudra plus dire grand'chose... on en oubliera même son sens).
C'est marrant pour une reprise de (web)zine de faire la chronique d'un disque sorti il y a 17 ans. Ca donne des allures de vieux cons, vu qu'à l'époque c'est un peu par ce disque que votre serviteur à un peu mis les deux pieds dans le plat (le plat punk : soupe de vomi au rock'nroll épicé avec un émincé de nihilisme en daube, servi chaud sur son lit d'instruments désaccordés et d'amplis bruyants).
Certes Les Cadavres n'étaient pas seuls à squatter la radio-double-cassette de l'ado boutonneux que j'étais. Ils étaient accompagnés des Rats (sur l'autre face de la même K7, copie de copie pirate...), suivi par quelques tubes des Shériffs et une chanson ou deux des Garçons Bouchers.
Malgré tout ce n'est pas du tout de la nostalgie que m'évoque cette album, mais plutôt la qualité et la clairvoyance. Qualité d'écriture, des mélodies et des riffs accrocheurs, qui savent distiller hargne et rock'n roll incisif, toujours sur les dents ; chaque instrument est là pour mettre l'autre en valeur ; collant parfaitement aux paroles. Clairvoyance des textes qui évoquent avec dégoût une existence endoctrinée à grands coups de mass-médias, de moins-disant culturel et de consommation abrutissante. Les textes sont tour à tour cyniques et percutants ("Le Putch des poubelles", "22"...), purement engagés et agressifs ("Basta" ; et l'hymnesque et très direct, maintes fois repris, "No Pasaran"), désabusés et violents ("mon clebs et moi" ; "media contrôle") ; collant parfaitement à la musique.
L'album complet n'a pas vieilli d'un pouce ni musicalement ni dans les thèmes abordés. Une pertinence et une cohérence qui après toutes ces années me font dire que c'est là bel et bien un signe de talent.
Pour ceux qui n'auraient jamais eu l'occasion ni de les écouter, ni de les voir sur scène, un extrait d'un live "Paris sous la pluie"... le morceau s'intitule "22" (et forcément, il est issu de cet album).



"A la fin il n'y a que la mort qui gagne" (Les Cadavres)


label : Dirty Punk Records
site ouaibe : les Cadavres

vendredi 14 août 2009

Reprenure

Reprenons depuis le début.
Au commencement était Ecrasons La Vermine. Une émission punk/hardcore truffée de baratins politicocoanarécoloriendutoutistes et de mauvaises musiques sur Radio Campus Lille.
Elle avait 10 ans d'âge et déjà sa feuille d'infos à la parution "excitingly irregular" comme disait l'autre.
Et puis, l'équipe de l'émission a un peu muté.
Et puis Plus Rien est apparu et puis Plus Rien est devenu le relai papier de l'émission.
Et puis en plus de l'émission, relai web, Stéph' a créé Chpunk.org
Et puis plus rien.
Enfin, non pas vraiment : Plus Rien a vivoté, l'émission a perduré tant bien que mal, l'agenda de Chpunk est devenu assez conséquent...
Et maintenant, plus rien.
Le 14 juin l'émission s'est arrêtée.
Au bout de 22 ans.
On a brait (ndt : pleuré), on rit, on a bu, passé du crust, du hardcore, du punkrock, et rebu là-d'ssus avec plein d'copains venus exprès. On a quelques photos floues et un live de La Société Elle A Mauvaise Haleine "a capella" (oui-oui) en vidéo ! Un de ces quatre il faudra bien qu'on la diffuse un peu quelque part...
Nous continuons bien évidemment Chpunk car le virtuel est hors de certaines contingences physiques (je peux toujours autant y participer même en étant à Pétaouchnok).
Mais esseulé et l'âme en peine, j'me r'trouve à 700 bornes de mes racines et j'ai les neurones qui chauffent, la chronikose qui me reprend entre les orteils. Et quand ça gratte, faut gratter.
Sur Zeblog, si tu postes pas, la pub apparait. Donc ça fait chier. Ça finit par se barrer en repostant, donc ça va, mais pour des raisons de facilité je migre sur Blogspot. Stéph' travaille pour qu'une bonne fois pour tout Plus Rien soit directement chez nous dans Chpunk.org
Pour l'instant, mes lapins, c'est (re ?)parti.


Causons des copains.

Dirty Punk a eu la bougeotte. Ce label originellement nordiste vient, lui aussi, de faire ses valoches. Son but ? Ecluser tout le schnaps alsacien et voir quel grand cru de Schlossberg ou Osterberg est le meilleur.
Pour ça 2 choses :
- d'abord ce buveur de bières et de vin rouge invétéré devra se mettre au blanc en plus de s'être mis au vert
- ensuite l'adresse de Villeneuve d'Ascq, vous pouvez la jeter aux oubliettes. Elle ne vaut plus rien. Désormais c'est :
DIRTY PUNK RECORDS
BP 51203 GRUSSENHEIM
68012 COLMAR CEDEX
Et contrairement aux apparences, c'est toujours en France.

Et le site ouaibe, alors ? me direz-vous. Et oui... bon ben pour l'instant l'adresse c'est toujours la même :
www.dirtypunk.fr
y'a pas de raison que ça change.
Par contre d'ici peu de temps il fera peau neuve avec commande en ligne et pochettes scannées.
Là-dessus je me dis que je ne vais pas tarder à vous faire part de mes impressions sur la dernière production du dit-label.