Le média de base, de masse, me déçoit beaucoup... à l'époque de la première guerre du Golfe tout le monde bandait sec sur l'arsenal ultra-sophistiqué déployé par l'armée américaine pour déchiqueter les méchants. Une débauche de technologie pour de la tripaille éparpillée façon puzzle. Brave petits soldats de l'infos, "nos" journalistes, tous au garde-à-vous, nous balançait la sauce de la Maison Blanche d'autant plus généreusement que le gouvernement français avait décidé de prendre part à la partouze... euh... à la zigouille. Qui n'a pas frémis de plaisir à l'écoute des commentaires des baveurs baveux qui nous parlaient des frappes chirurgicales ? La chirurgie, avant de gonfler les nichons des radasses en mal de reconnaissance pour le plaisir des débiles en mal de virilité, ou de remonter les fesses, sauvait des vies ! Et ça ne gênait personne (ou si peu de gens) qu'on assimilât ainsi un missile, un engin de mort, au geste de précision de la main qui peu sauver un/e individu/e. En tout cas, ça ne gênait certainement pas les journalistes.
C'était les premiers missiles qui ne tuaient pas de gens. Non-non, ils explosaient en technicolor, c'est tout. Et surtout ils ne tuaient aucun civil, c'était dit et répété. Normal : c'était chi-rur-gi-cal. Et tout ça, dans nos écrans de télé. Trop classe. Les fumiers.
Pas une tripe à l'air, pas un cadavre à l'écran. Pas d'images, pas de morts, pas de blessés, pas d'estropié.
Après quelques années on a bien parlé des traumatismes des soldats. Américains, bien sûr. La parole au vainqueur, bien sûr. Même s'il n'a pas vraiment gagné. Mais des Irakiens ? Pratiquement aucun (ou si peu).
Au final, j'aimais cette forme de totalitarisme faux-derche, mais clairement et distinctement dans un camp. On ne faisait pas semblant dans le déballage et on nous sortait la totale pour nous en foutre plein la vue, afin que l'on dise oui-amen à toutes leurs conneries.
Depuis, ça se lisse, ça se polisse. On ne nous montre pas davantage les atrocités d'une guerre, surtout quand c'est nous qui la faisons. Il faudrait quand même pas nous rappeler qu'un soldat c'est fait pour tuer, tuer, tuer et encore tuer. Pour des intérêts qui le dépasse. Ce con. Mais il est fini le temps du high-tech fort en gueule, viril et rutilant. Fini la surenchère de super-zobs qui font bip et qui font flash. On envoie des soldats en Afghanistan, même pas une calculette scientifique à l'écran pour nous impressionner.
Avouez que c'est frustrant. Il est où le sens du spectacle là-d'dans ?
Moi ça me déçoit.
Quel rapport avec une chronique d'un split Ep ?
OK, j'explique.
1 - c'est une galette de pétrole distillé, trifouillé, sauté au gingembre et étalé comme une crêpe.
Si t'as pas pigé le rapport avec l'Irak, c'est que t'es digne d'être militaire. Ils embauchent, ça tombe bien, tu finiras pas chômeur.
2 - La première guerre du Golfe c'était au tout début des années 90. Grande époque pour les groupes à la Discharge.
3 - La guerre est un sujet de prédilection des dits groupes.
4 - Avant c'était mieux. D'abord parce que c'est passé et le passé c'est passé. Alors forcément...
Warvictims (dont le style hardcore/crust a déjà été chroniqué dans ces pages) mettent dans le mile (au point qu'on leur passe même les 2 titres en anglais). Bon son, rythme "dis" bien mené. Font dans le bon, dans le classique. Un plaisir sans cesse renouvelé. Un peu comme un vin que t'as goûté une fois, que t'as gardé, mis de côté, presqu'en l'oubliant, mais à chaque fois que tu ouvres une bouteille, tu te dit : "merde, il est vraiment bien, j'ai bien fait d'en prendre quelques une !" Et là-dessus, tu te ressers.
Tortyr, eux, officient dans la même cour de récré, mais du côté de la cour où y'a les graviers à balancer à la gueule des copains ! (si possible dans les yeux. Comme ça t'apprends à viser)
Plus rapide, plus sales, plus saturés, plus gueulards, plus violents, plus agressifs, tout en suédois égosillé... quelle claque !
Une sorte de bouteille sans étiquette sur laquelle tu tombes, avec une robe quelconque, mais qui, au nez et en bouche, fait péter une farandole d'arômes de fruits noirs, de truffe, de cuirs, de clous et de cartouchière... euh... je mélange tout, là, non ?
Mention particulière au troisième morceau de cette face ("Fy Faan Vad Jag Hatar Dig"), véritable ode à l'amour (nota bene : la traduction du titre est "Et merde, que je te hais") qui pose un peu le rythme, avec une hargne bien à fleur de microsillons.
C'est bon, c'est très bon. C'est même meilleur que Victims !
Ah ben tiens, je n'résiste pas à l'envie de vous le proposer à l'écoute :