mardi 18 août 2009

TRISTESS "Hog & lag blues" LP/CD 12 titres

Les sillons d'un vinyle sont comme de petits précipices dans lesquels parfois il est bon, doux, et excitant de s'y précipiter. On imagine ces petites mains d'ex-Tchécoslovaques les sculter avec leurs petits doigts musclés heure après heure, jour après jour même le dimanche et les jours fériés pour le pur plaisir des auditeurs. Ahhh, même que s'ils bossaient gratos ce seraient des demi-dieux de l'économie néo-libérale. Mon dieu, comme le capitalisme nous permet, bande de petits infâmes profiteurs que nous sommes, de jouir de bonne galettes de pétrole non-polluant (et oui nous sommes entrés dans l'ère du diesel propre, du pétrole vert, des marées noires écolos, du capitalisme moral, donc je me mets à la page).
Si j'avais envie de commencer cette chronique sans ironie, cynisme, ni sarcasme, j'irais droit au but pour les amateurs de musique. Mais si vous saviez comme j'en ai rien à foutre des amateurs du tout-musique, du que-musique...
Comment en écoutant Tristess ne pas se sentir comme en cette fin d'années 70, où tous les espoirs étaient envolés, où quelques gamins mal fagotés donnaient des leçons à une société qui chaque jour, encore aujourd'hui, devrait en goûter la pertinence ? [t'as vu la taille des questions ?! Tu pleures !]
Ils/elles savaient que nous ne devions avoir nulle confiance en ces cuistres de la politiques de gauche si prompts à suivre l'ère et renier 150 ans de luttes. 
Ils/elles savaient, bien avant que la mâturité ne les gagne, que la vie dans ce monde était moisie et qu'il fallait le détruire et non le réformer. Ils savaient que chaque lendemain tenait les promesses d'une veille funéraire.
Ils/elles savaient qu'on allait dans le mur, que le jour d'hui était si déprimant et si consternant qu'il ne mettrait bat qu'à pire, son clône même pas alcoolique, son double même pas défoncé.
Ils/elles savaient que les syndicats avaient déjà trahi et que le quotidien des militants de base n'était pas celui de ceux qui côtoyaient les "grands de ce monde".
Jeunes et vifs, immatures, mais jamais candides, ces mômes ont gueulé sur tous les toits que c'était déjà foutu, que la planète crevait, que les modes de vie s'uniformisaient, qu'"on" les achetait tous, partout, en super/hypermarché.
32 ans après on se rend compte que la recette est toujours là. Que ce putain de plat avarié qu'on nous fait bouffer tous les jours nous sort par les trous de nez. Que chaque jour qui passe nous donne raison encore un peu plus.
Tristess c'est du pur condensé de 77. C'est de la mélodie qui tape, de l'énergie qui gicle, du direct dans le bide, du rock'n roll qui ne sent pas la rose et refuse la violette. Le refrain qui va bien, les gimmicks de guitares qui tuent au bon moment, le mixage qui n'endort pas, qui réveille chaque instrument, bien distinctement. Cette rage à peine contenue et ce feeling grave qui place avant tout le style avant la sulfateuse... c'est... c'est... ces gens-là ont de la classe ! Voilà tout ! Vestimentairement parlant je serais moins catégorique, mais là encore ce sont les 70ies qui s'expriment.
Pourrait-on dire que toutes ces giclées de tube et cette inspiration sans faille, additionnées avec parcimonie de saxo, de percus (si si tendez l'oreille), de synthé (idem), les classent dans un "X Ray Spex" (sans chant féminin) ayant furieusement copulé avec "The Kids" (si vous trouvez leur version suédoise, car tout est chanté dans la langue, je vous tire mon chapeau et abonderais probablement dans votre sens) ? Oui très certainement.
Exceptionnel ? Assez. Parfait ? Pas tout à fait, mais pas loin. Constatez par vous-même avec un des tubes : "Mitt Slut"
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